Le destin de Qushayrî s’est dessiné à travers des événements et des épreuves qui l’ont poussé à manifester son autorité sur trois plans : la Voie spirituelle, la science religieuse, et sa prise de position dans le débat théologique. C’est fort de cette légitimité que Qushayrî a rédigé la Risâla fî ‘Ilm al-Taçawwuf, L’Épître sur la Science du Soufisme, plus connue sous le nom d’Al-Risâla al-Qushayriyya, L’Épître de Qushayrî. Elle est une œuvre fondamentale et est considérée comme l’un des plus précieux “classiques” du soufisme. Rédigée à une époque où les “soufis”, sont souvent accusés de s’affranchir de la Loi révélée, elle redonne toutes ses dimensions au soufisme. Sa réputation dépassera même les cercles du taçawwuf, et sa notoriété est telle qu’un adage affirme que « la maison dans laquelle il y a la Risâla ne s’effondre jamais » L’intention de Qushayrî était donc de redonner au soufisme sa légitimité dans le débat d’idées car le Coran et la Sunna sont les sources de toute vie spirituelle, et constituent le fondement de la Voie initiatique, donc du soufisme. De nombreux mystiques musulmans se sont nourris de la Risâla de Qushayrî, notamment, parmi les plus célèbres, Abû Hâmid Ghazâlî et Ibn ‘Arabî. De nos jours, la Risâla Qushayriyya se révèle un rappel providentiel de cette vérité.